François Dufeil / Gaël Darras

Quadrature

Une exposition de sérigraphies de Gaël Darras réalisées avec une sculpture-outil de François Dufeil.

19/05/2021 > 09/06/2021

Place Saint-Eloi, Angers

Dans le cadre de l’exposition Étoiles distantes, organisée par le FRAC des Pays de la Loire et la Galerie 5 au Musée des Beaux-Arts d’Angers.

photos : Gaël Darras

En 2018, l’association Octo-Verso, en collaboration avec le Collectif Blast, invitait l’artiste François Dufeil pour une résidence de création d’un mois dans les locaux de la Pépinère Artistique Daviers à Angers. Cette période de travail a donné lieu à la réalisation de trois œuvres : Presse à poussières, Pilon à bras et Tamis à Poussières. Pensés dans un ensemble — sans pour autant former un triptyque — ces objets, que l’artiste qualifie de sculptures‑outils, sont appelés à collaborer au sein d’une même chaîne de production. Leur vocation consiste pour deux d’entre-eux à fabriquer des pigments à partir de matériaux naturels : l’ardoise, le tuffeau et la terre cuite. Concassés au Pilon à bras, puis réduits à l’état de particules fines avec le Tamis à Poussières, les poudres obtenues diluées à une base incolore, donnent naissance à une gamme d’encres, noire-bleutée, crème et ocre. Celles-ci serviront à révéler le dessin réalisé sur l’écran de la Presse à poussières : dernière des trois sculptures‑outils, empruntant sa fonction aux procédés de la sérigraphie.

Tout sauf inertes, les sculptures‑outils de François Dufeil appellent à l’activation. Ici, il confie sa Presse à poussières à l’artiste Gaël Darras, dont la pratique minutieuse de l’aquarelle consiste généralement en de grands polyptyques, illustrant des compositions architecturales où la brique de terre cuite est l’unique protagoniste. La frontalité de la trame maçonnée, rythmée par l’émergence de motifs en saillies, nous plonge dans des espaces contemplatifs ambigus, entre ornement et abstraction. Bien que s’apparentant aux techniques modernes de la sérigraphie, le procédé de la Presse à poussières convoque des savoir‑faire ancestraux, préférant les matériaux naturels (cire d’abeille, soie) aux matériaux synthétiques (émulsion photosensible, polyester). Dans le cadre de cette invitation, les habitudes de Gaël Darras se voient bousculées : Le trait est grossi par la texture de la cire fondue et accéléré par son séchage rapide sur le pinceau. La posture physique passe d’un bureau horizontal à une toile verticale. Autant de perturbations qui font basculer l’esthétique de l’artiste dans un registre plus expérimental.

Chacun des six tirages est réalisé en bichromie, exploitant la totalité des combinaisons chromatiques offertes par les trois encres : ardoise sur tuffeau et terre cuite sur tuffeau ; terre cuite sur ardoise et tuffeau sur ardoise ; tuffeau sur terre cuite et ardoise sur terre cuite. Une forme de réciprocité se joue entre ces encres et le sujet qui les met en œuvre. Produites à partir de matériaux de construction, elles servent ici à ériger, non plus une architecture, mais sa seule représentation. Gaël Darras, dans la continuité de sa démarche artistique, nous propose une nouvelle composition architecturale. Un épais mur de briques, duquel est découpé l’emprunte de la quadrature du cercle : un problème géométrique mathématiquement insoluble datant de l’antiquité, consistant à construire un carré de même aire qu’un disque donné, avec pour seuls outils, une règle et un compas.

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